lundi 25 novembre 2019

Le futur et le passé

Je viens de retrouver ça, que j'ai écrit peu après ton départ:

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Elle laissait mijoter quelques poivrons, de la crème et de petits dés de veau au safran, et sortit un instant profiter du soleil timide du mois de Mars. L'étendue d'eau froide parvenait en cette saison au pied du jardin ; les pluies d'hiver avaient bu la petite plage de galets blancs qui, en été, se découvrait d'un pas ou deux et donnait au lieu un visage tout-à-fait différent.

Pour l'heure, le lac s'étendait là à la manière d'un grand miroir oublié par les Dieux au creux des montagnes, dans lequel se miraient le bleu pâle du ciel et le versant Nord des sommets encore enneigés.

"Maman !"

La brise, légère, annonçait le printemps. 

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Ça m'a rendu heureux :) C'était ma fille, et la tienne. Elle s'appelle Lou.

Novembre au bord du lac

Un petit lac gelé s'étend devant moi. En marchant jusqu'ici, seul, je rêvais, comme souvent, que tu marchais avec moi. Tu n'es plus très loin, et ces gens qui passent dans l'orée de la nuit, tu les connais peut-être. Cette solitude, ce vent frais qui souffle sur mon visage, ce silence rarement entrecoupé de couples qui passent (peut-être que l'un d'entre eux est le tien ?), la tombée du soir qui se reflète sur la glace fumée aussi immobile que toi, j'ai appris à les aimer, eux aussi. Ton fantôme m'accompagne toujours, et il n'est jamais aussi présent que lorsque je suis seul avec lui.

Je t'aime Hélène. J'aimerais que tu sois vraiment là. Que tu me regardes avec tes vrais yeux, et plus ceux de ton fantôme.